Voilà, en 1988, il s'agit du dernier refuge des Hautes-Alpes que nous avons conquis, Gilles et moi, le refuge de l'Aigle… Cet endroit, faisant partie de la course naturelle de la Meije, est de ce fait nettement plus haut que les autres (3450m), et nécessite bien entendu un départ beaucoup plus tôt que prévu de La Grave (1800m de dénivelé, 5h30 à 6h de marche !) :
Toujours est-il que nous sommes bien partis, Gilles, son amie Christine, également gardienne du refuge des Drayères, moi-même, plus un quatrième, dont j'ai oublié le prénom... Juste à temps pour nous rendre sur le névé, bien délicat, à vrai dire :
Mais peu importe, car nous en avons bien tiré parti… Nous étions encore sur le glacier du Bec, mais nous apercevions déjà le glacier du Tabuchet, qui servira plus tard à notre marche vers le refuge... Avec cette sublime vue sur la Meije (3983m), le deuxième plus haut massif du parc national des Ecrins :
Malheureusement fort touchée par le vent, ce qui nous empêchera de faire la course prévue, celle de la Meije orientale :
Il n'empêche : nous arrivions désormais sur le point le plus difficile de la montée, la vire Amieux à 3200m (passage découvert par le guide de La Grave, Lucien Amieux)... C'est assez délicat, en fait :
Et même si ceci ne se voit pas dans la façon de marcher du gardien, cela est assez évident dans l'attitude toute réservée de Christine, qui mit un certain temps à passer cette vire assez angoissante :
Néanmoins, nous y parvînmes… Et ceci nous permit de mieux voir les arêtes de la Meije, de marcher enfin sur le glacier du Tabuchet proprement dit, et aussi d'admirer le bien nommé glacier du Fauteuil, nettement plus à l'ouest :
Autrement dit, après une marche plutôt confortable sur le glacier du Tabuchet, nous voici enfin rendu au refuge de l'Aigle, encore tout petit à l'époque (18 places) :
Et désormais, depuis 2014, un petit peu plus grand, puisqu'il accueille une trentaine de personnes… En tous cas, la vue sublime que l'on avait depuis les toilettes n'a certainement pas changé :
Je me souviens encore que nous avons dégusté un excellent filet de bœuf, incroyable, n'est-ce pas ? Enfin bon, dès que fut venu le lendemain, nous étions bien convaincus que la course vers la Meije orientale (3891m) serait impossible face au vent, alors il nous restait à voir l'arête de la Meijette :
Bien sûr, tout à fait au nord, le fameux mont Blanc (4806m) et les grandes Jorasses (4208m)... Puis, bien plus à l'ouest, le Galibier (3228m) et la pointe des Cerces (3097m), d'où nous venions :
Avec une dernière vue sur le glacier du Tabuchet, qui a l'air d'être prise en pleine nuit, mais est en fait totalement due au hasard, comme le montre la position du soleil :
Meilleure preuve : c'était que nous étions encore fort réveillés, pour participer à la descente du refuge... Que nous prîmes avec beaucoup plus de plaisir qu'à la montée, où nous rebaptisions cet étrange névé du terme de toboggan :
Le gardien Gilles, en tous cas, a l'air bien content que ceci se soit parfaitement terminé... Et une fois à La Grave, nous observions une dernière fois la Meije, cela va de soi :
Puis nous nous livrions sans peine à cet ancien proverbe, "après l'effort, le réconfort" :
Est-ce que ceci vous a plu ? Je n'en sais rien, mais pour ma part, j'ai assez rarement fait aussi bien de toute ma vie (même si je suis monté deux fois au-delà de 4000m) ! En tous cas, c'est la plus belle découverte de la Meije possible, celle située face sud étant bien plus ordinaire, comme le montre très bien le site du refuge du Promontoire, situé nettement plus bas (3092m), et accueillant par contre une trentaine de personnes…
Voilà, j'en ai fini avec l'année 1988, et aussi avec le France, puisque désormais, je vais me rendre tout d'abord à Innsbruck, en Autriche, et bien sûr en Suisse, où je vais découvrir le fameux Cervin !
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